PARCEQUE JE SUIS UNE FERVENTE ADMIRATRICE DU BEAU ET DE L'ESPOIR, VOICI POUR VOUS, L'EXTRAIT DES PENSEES D'UNE MERVEILLEUSE FEMME QUI AVANT D'ETRE ECRIVAINE ETAIT SAGE-FEMME:
PUISSENT ELLES ILLUMINER VOS FÊTES !
Voilà une semaine que chaque nuit, il m’est offert d’entendre passer les oies sauvages. Nous avons la chance d’habiter sous un couloir de migration et depuis plus de quinze ans, à chaque automne et à chaque printemps, les oies passent. Inlassablement.
Cette nuit, j’ai cherché à comprendre pourquoi une telle émotion me traverse le cœur à chaque fois que je les entends. J’ai décortiqué ma joie, plus forte encore que les couleurs de l’automne, les ciels du soir, ou l’apparition furtive d’un écureuil.
Et j’ai compris.
J’ai compris que tant que j’entendrai le vol des oies sauvages, cela signifiera qu’il existe toujours des coins épargnés sur cette planète. Des étendues d’eau accueillantes et sûres dans les pays nordiques et au sud de l’Espagne. Que l’Homme n’en a pas encore envahi tous les recoins.
Tant que j’entendrai le vol des oies sauvages, je pourrai prendre en modèle leur instinct de survie, celui qui leur murmure qu’il est temps de partir, leur capacité à trouver leur chemin, leur persévérance dans l’effort.
Tant que j’entendrai le vol des oies sauvages, je saurai qu’il existe encore des communautés animales qui affrontent ensemble l’adversité, qui se soutiennent, qui mettent les plus forts devant pour protéger et entraîner dans leur souffle les plus faibles. Si les oies en sont capables, nous le pouvons aussi.
Tant que j’entendrai le vol des oies sauvages, je garderai ma part de rêve, celle qui me baignait, petite, en écoutant la fabuleuse histoire de Nils Holgersson. Et j’écrirai à travers la nature végétale, animale, pour la nature humaine, en espérant sans relâche pouvoir trouver le même émerveillement devant un être humain que devant un arbre.
Tant que j’entendrai le vol des oies sauvages, je serai rassurée de savoir que les saisons ont toujours une légitimité et un sens, et que le cycle de la vie dirige encore toute chose animée en ce monde, et non le contraire.
Parce que oui, je suis terrifiée par la violence des Hommes, par le respect pour tout qui se réduit comme peau de chagrin, inquiète que la gentillesse soit devenue péjorative, triste d’avoir peur parce que je suis une femme, soucieuse pour la vie de mes enfants, le cœur déchiré de voir la planète se vider de sa substance, de ses abeilles.
Mais tant que j’entendrai le vol des oies sauvages, je saurai que l’espoir persiste.
Parce que c’est la vie plus forte que tout.